Affiche propagande 2de guerre mondiale
Xavier Harismendy - Ville de Brive

Expositions permanentes

5 salles d’exposition permettent de découvrir différents aspects de la Seconde Guerre mondiale.

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Edmond Michelet

Le rez-de-chaussée de la maison d’Edmond Michelet est composé de deux salles d’exposition permanente qui sont dédiées au parcours de cette figure emblématique de la Résistance à Brive.

Le parcours d’Edmond Michelet, le chrétien et l’homme politique, est évoqué à travers objets personnels et documents originaux dans ces pièces qui furent à l’époque sa salle-à-manger. Du tampon utilisé pour son activité de courtier assermenté, aux tampons qu’il a dérobé à la Préfecture de Tulle pour établir de faux documents d’identité pour des réfugiés à son bureau de travail et sa bibliothèque personnelle… Tous ces objets retracent et illustrent la vie de cet homme d’exception.

Dans la salle d’exposition, est également montré le tract de juin 1940, premier acte de résistance en France. Ce tract, établi d’après des extraits de l’ouvrage de Charles Péguy L’argent suite a été distribué dans les boîtes aux lettres des Brivistes, un appel à la Résistance par les idées.

© Musée Michelet

La Résistance en Corrèze

Au premier étage du musée, une salle d’exposition est consacrée à la Résistance en Corrèze. Une reconstitution d’une scène de parachutage clandestin qui a eu lieu dans la nuit de Noël 1943 à Lagrafouillère, y est présentée.

Cette salle évoque également les maquis corréziens et le parachutage du 14 juillet 1944 : l’Opération Cadillac, puis les actions qui mènent à la Libération de Brive, première ville libérée par ses propres moyens, le 15 août 1944.

Mannequins de cire représentant des soldats de la 2de guerre mondiale
Musée Michelet - Xavier Harismendy - Ville de Brive

La déportation

Au deuxième étage du musée, une salle d’exposition permanente est dédiée à la déportation.

Entre 1942 et 1944, ce sont probablement plus de 1100 personnes arrêtées sur la terre corrézienne, des hommes, des femmes et des enfants, français comme étrangers, qui ont connu la déportation dans les camps de concentration et les centres d’extermination nazis. Près des deux tiers ne sont pas revenus au printemps 1945.

Une vitrine présentée dans la salle permet d’exposer les objets de déportation (des objets fabriqués dans les camp par exemple : canifs, chapelets…), ramenés des camps et donnés au musée. Une maquette réalisée par un ancien déporté, montre le camp de Dachau dans lequel Edmond Michelet a été déporté.

Anna Garcin-Mayade. L'art contre l'oubli

Oeuvre au fusain
Oeuvre au fusain, "la vie au camp"

Anne Joséphine Antoinette Mayade est née à Pontgibaud, dans le Puy-de-Dôme, le 17 janvier 1897.

Dès son enfance, ses parents partent à Paris pour travailler : Élie Mayade, son père, est maréchal-ferrand. Sa mère, Félicie Lamadon, est modiste. En 1915, son père décède, et Anne s’installe avec sa mère et sa petite soeur Marcelle chez les Depaquit, des parents à elles, au n°30 de la rue Saint-Vincent, à côté du cabaret Le Lapin Agile à Montmartre. Jules Depaquit, tient une boutique de tableaux à cette adresse. Dans le même immeuble, Suzanne Valadon et Maurice Utrillo vivent au 1er étage.

Anne Joséphine Antoinette Mayade devient « Anna », en commençant ces études d’art, elle change son nom. Le 4 octobre 1915 elle est inscrite à l’École nationale de dessin des Arts Décoratifs à Paris. Elle étudie là-bas entre 1915 et 1920, moment où elle obtient son diplôme d’architecture. Pendant ces années, Anna reçoit des cours de croquis dispensés par Auguste Renoir et des cours d’anatomie dispensés par le professeur Paul Richer.

En complément de son cursus à l’École nationale de dessin des Arts Décoratifs, Anna est également élève à l’École professionnelle Élisa Lemonnier entre 1914 et 1918. Cette première école professionnelle ouverte aux femmes, propose aux jeunes filles des cours de couture, de commerce et de dessin.

Anna est élève dans l’atelier de peinture de Marguerite Jeanne Carpentier, une artiste peintre, sculptrice et graveuse entre 1920 et 1923. Ces cours, et ceux de Joseph-Vital Lacaze, lui permettent de se préparer au professorat de dessin. Elle obtient d’ailleurs son certificat d’aptitude à l’enseignement du dessin le 20 juin 1923.

Entre 1923 et 1928, Anna ne vit plus à Montmartre, mais à Maisons-Alfort, elle est reconnue comme « peintre » mais cherche du travail. Elle est finalement nommée dans les Vosges, en tant que professeure de dessin au collège de jeunes filles d’Épinal en 1928. Elle a 31 ans.

En plus de son activité de professeure de dessin, Anna initie des élèves aux cours d' »imagerie » dans une nouvelle école : « Atelier École d’Art » créée par Pierre Valdenaire en 1935, proche de la gare d’Épinal. Entre 1935 et 1939, Anna est inscrite au Parti communiste. Le 22 septembre 1936, elle se marie à Léon Ernest Garcin à la mairie de Paris (XVIIIe arrondissement).

Le 31 octobre 1941, sa vie bascule lors d’un cours de dessin dispensé de quinze à seize heures à une classe de première au collège de jeunes filles d’Épinal. Ce jour-là, quand sonne la cloche pour annoncer la fin du cours, les élèves restent assises, immobiles. Anna laisse faire ses élèves qui, en réalité, mettent en pratique le mot d’ordre lancé par le général de Gaulle sur Radio Londres le 25 octobre 1941 : pour les otages exécutés à Nantes et Bordeaux, le 31 octobre cinq minutes d’immobilité. Trois élèves sortent de la classe, mais les autres restent. Anna se rend alors dans le bureau de la directrice du collège pour lui relater ce qui vient de se produire dans sa classe. C’est à ce moment précis que tout bascule pour elle : la directrice informe le préfet des Vosges.

Elle est arrêtée le jour-même, condamnée le 26 novembre 1941 par le tribunal militaire allemand d’Épinal à 18 mois d’emprisonnement pour manifestation anti-allemande. Le dossier de la procédure instruite contre Anna Garcin-Mayade est renvoyé par ordonnance du 9 janvier 1942 devant la section spéciale de la cour d’appel de Nancy, pour menées communistes. L’audience du 17 janvier 1942 au palais de justice de Nancy la condamne à une peine d’emprisonnement de 5 ans. Anna est transférée de prison en prison du 31 octobre 1941 au 30 avril 1944 : la maison d’arrêt d’Épinal, celle de Troyes, de Châlons-sur-Marne, et pour finir celle de Laon. Lorsqu’elle termine sa peine de prison allemande, elle est détenue comme prisonnière française de droit commun, jusqu’au 1er mai 1944 où elle est livrée aux Allemands.

Elle est transférée le 2 mai 1944 dans le fort de Romainville. Le 13 mai 1944, elle quitte ce camp de transit avec 700 autres femmes en direction du camp de Ravensbrück. Le voyage dure trois jours. Elle arrive à Ravensbrück le 16 mai 1944 : on lui attribue le numéro de matricule « 39.119 » comme seule identité, et on lui fait porter le triangle rouge, symbole des détenus politiques.

Anna passe plusieurs mois dans le camp de Ravensbrück, de mai 1944 à février 1945. Affectée à des travaux pénibles, privée de sommeil, abrutie de fatigue, un jour elle échappe des condensateurs électriques en porcelaine qui se brisent au sol. Accusée de sabotage, elle échappe de peu au crématorium. Elle est envoyée dans le camp de Rechlin, ou « camp de la mort lente », à 30 km au nord de Ravensbrück. Elle travaille là-bas pour l’usine Siemens.

Anna Garcin-Mayade fait des croquis au moment où elle se trouve dans le camp de Ravensbrück. Malheureusement, à la Libération du camp par la Croix-Rouge suédoise, ses dessins ont brûlés pour des raisons sanitaires. À partir de son retour de déportation en 1945, et jusqu’à la fin de sa vie, Anna refait ses oeuvres de mémoire pour témoigner des horreurs vévues. Son art oeuvre contre l’oubli.

Le camp de Ravensbrück est libérée par les Soviétiques. Le 23 avril 1945, elle est libérée du camp de Ravensbrück par la Croix-Rouge suédoise. Les déportées sont réparties dans plusieurs centres où elles reçoivent les premiers soins : on leur réapprend à manger, à marcher, à vivre. Elle revient à Pontgibaud en juillet 1945.

Elle est nommée professeure de dessin au collège de jeunes filles de Brive, à d’Arsonval, le 29 septembre 1945. Jusqu’en 1960, Anna transmet son amour de la peinture à ses élèves, et inspire de nombreuses jeunes filles.

En 1960, et jusqu’à la fin de sa vie le 3 mai 1981, Anna vit à Pontgibaud. Elle y a un atelier où elle peint et dessine : portraits des personnes qu’elle aime dans le village, scènes de vie quotidienne dans le village, paysages auvergnats.

Le 4 mai 1976, Anna est interviewée dans sa maison de Pontgibaud par Béatrice Cibot, et livre son témoignage sur sa vie d’artiste à Montmartre et sa déportation dans le camp de Ravensbrück. Elle fait don au musée Michelet de 20 œuvres témoignant de sa déportation, le 5 mai 1978.